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Le merle.

par L'écrivain masqué

Elle a un ami secret. Pas forcément discret mais d’une présence élégante et joyeuse. Un petit merle, un drille volatile bruyamment exubérant, dont la gorge regorge de notes merveilleuses. Une vraie caverne d’où émerge, avec intensité et envergure, toute une panoplie de phrases mélodieuses. L’oiseau ne connaît pas l’attention que lui porte la femme, celle-ci glisse le plus silencieusement possible vers ses fenêtres et cherche des yeux le petit chanteur.

Souvent facétieux, peut-être tout simplement insomniaque, ou tout bonnement déréglé par l’activité perpétuelle de la ville, il est capable de chanter à toute heure. Il prend une note et fait vibrer celle-ci avec des variations d’abord rapprochées puis de plus en plus contrastées. Il fait des sauts périlleux avec sa gorge, c’est un musicien acrobate, un peintre qui donne de la texture aux notes. Elle aime l’entendre au lever et au coucher du jour mais surtout se réveiller, surprise par son chant qui enveloppe le silence de la nuit. C’est à ce moment-là que ses paroles modulées se répercutent le mieux sur les murs des immeubles. Elle entend cette voix flutée rebondir comme une balle limpide et musicale.

Comment fait-il pour donner tant de volupté, de rondeur qui roule, de soubresauts joyeux à des notes stridentes ? Lui, trône sur une antenne, toujours la même, roi, compagnon de la nuit mais aussi seigneur du jour et de son périmètre de ciel. Comme elle aimerait alors comprendre ce qu’il dit. Peut-être même connaître elle aussi cet irrépressible besoin de chanter, atteindre les cieux grâce à ces envolées immobiles, majestueuses et toucher le cœur des hommes juste avec le son de sa voix.

Aujourd’hui, alors qu’elle l’observait siégeant sur son perchoir, elle a vu sa petite tête noire se lever et pousser son chant vers un avion qui passait juste au-dessus. Ce corps si frêle, minuscule, harangua l’oiseau de métal et fût capable de couvrir le bruit de ce colosse du ciel.

Elle fût surprise alors de sentir son cœur s’ouvrir légèrement, le petit être y est entré malgré elle, il y trouva une place enveloppante et douillette. Elle ressent désormais une infinie tendresse pour cet oiseau. Elle admire sa foi inébranlable en ce qu’il est, l’intensité de son chant et sa capacité, toute simple, à vivre et à chanter.

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M
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L
Merci Mireille!