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ORAGE.

par L'écrivain masqué

Orage  « Oh, désespoir ».

 

Je me la coule douce, comme la pisse des Dieux qui claque sur les pavés des rues.

Non je n’ai pas vécu ce que j’aurais voulu, c’est pourquoi je crache sur tous ceux qui, comme moi, ont un jour, une fois, baissé les bras et laissé la vie les mener en bateau. Touché-coulé et tout ça sans bouée, reste plus qu’à repêcher le noyé.

Quant aux minables camés de la monnaie, ces tarés qui tripent pour des billets et étripent ceux qui menacent leur portefeuille, je leur ris au nez et ne leur accorde  même pas le bénéfice de ma pitié, ce n’est pas moi qui porterai leur deuil.

 

« Oyez, oyez bonnes gens » ou plutôt comme on dit maintenant « Ouvrez vos oreilles et prenez en de la graine ». Baudelaire disait « Enivrez-vous ! » et Rimbaud nous a embarqué dans son bateau ivre.

Alors que l’on traîne nos journées comme des morts vivants, la nuit dans les bars, on se met à boire, appliquant à la lettre (bien inconsciemment) les paroles des grands maîtres. On n'a rien capté, juste bon à gerber une bile âcre et à supporter les relents d’alcools imbibés sur notre gueule de bois.

 

Tout ça est bien lourd, comme les banalités qui bétonnent nos relations et créent  des murs anti-émotion entre lesquels on s’isole. Et c’est, retranchés dans les quartiers de notre esprit que l’on se dit « qu’est-ce que je fiche ici ? ». A toujours choisir la facilité, on apprend, non pas à s’aimer mais à se détester et à vivre comme ça, avec le soulagement de se dire qu’on n’a pas le choix.

 

Mais, même si l'on se ment, est-il toujours temps de réparer tout ça ? Sauter le pas, se jeter tête baissée vers ce en quoi l'on croît ? Foncer, se réaliser, pour pouvoir se dire :

« Je suis enfin moi ! »

L’orage est porteur d’espoir…

 

 

ENIVREZ-VOUS

 

Il faut être toujours ivre, tout est là ; c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.

Mais de quoi? De vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous!

Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge; à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est. Et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront, il est l'heure de s'enivrer ; pour ne pas être les esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse de vin, de poésie, de vertu, à votre guise.

Charles Baudelaire (Les petits poèmes en prose)

 

 

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C
Je ne bois pas mais j'adore l'orage !
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